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A propos de la situation fortement préoccupante des jeunes et mineurs isolés étrangers

Publié le : mercredi 23 mars 2016

Voir en ligne : https://blogs.mediapart.fr/lingua/b...

Source : https://blogs.mediapart.fr/

Auteur : Collectif Parisien pour la Protection des Jeunes et Mineurs Isolés Étrangers

« Accepte-t-on que des jeunes soient privés de la protection minimale et des droits élémentaires qui leur sont dus, au seul motif qu’ils sont étrangers ? Ou bien considère-t-on, au contraire, que le rôle de l’État et des autorités publiques est de protéger ceux qui sont ici et en ont besoin ?

Lettre ouverte à Madame Versini de la Mairie de Paris

L’hiver dernier, après de longues semaines de mobilisation des jeunes et de tous ceux qui étaient à leurs côtés devant la PAOMIE (Permanence d’accueil et d’orientation des mineurs isolés étrangers), vous consentiez à ouvrir quelques places de gymnase. Fin mars, suite à une négociation avec le DAL et le Préfet de région, vous autorisiez l’hébergement de 43 jeunes dans deux CHU (Centres d’hébergement d’urgence). Au mois d’avril 2015, vous prétendiez régler la situation des jeunes et mineurs isolés étrangers à Paris avec un nouveau plan d’accueil et d’orientation, voté par tous les élus de la majorité municipale. Ce plan aboutira à la création, en lieu et place de la PAOMIE, d’une permanence de la DEMIE (Dispositif d’évaluation des mineurs isolés étrangers), gérée, pour le compte de la Mairie de Paris, par la Croix Rouge.

Mais qu’en est-il de la situation réelle des jeunes et mineurs isolés à Paris après ces changements à caractère essentiellement administratif ?
Nous pouvons affirmer qu’elle ne s’est pas fondamentalement améliorée. A certains égards, elle s’est aggravée. Dernièrement, une bénévole de l’ADJIE vous alertait publiquement sur la situation honteuse de jeunes vivant à la rue, transis de froid et privés de toute forme de protection.
De nombreux collectifs, associations, ou de simples riverains sont quotidiennement confrontés à des situations intolérables de jeunes vivant dans le dénuement le plus complet : pas d’hébergement, ni la nuit, ni le jour, aucun lieu d’accueil ; pour eux pas de nourriture ou de vêtements. Au delà des besoins vitaux, la scolarisation comme le suivi social et éducatif sont indigents, voire absents.
Traumatisés par des migrations éprouvantes, ils doivent supporter les conditions extrêmement rudes d’une vie à la rue. Leurs troubles psychologiques en sont redoublés et de nouvelles pathologies apparaissent. La persistance préoccupante de ces phénomènes, la détérioration marquée de leur vie dans cette ville et globalement le peu de cas que vous faites de ces jeunes dont vous avez la responsabilité ne passent plus inaperçus.
Récemment, quelques élus s’en sont émus. Alors vous avez autorisé, au compte-gouttes et par l’entremise discrète de ces élus de votre majorité, l’accès de quelques uns à un gymnase habituellement réservé aux adultes. Doit-on alors comprendre que votre politique, repose essentiellement sur cette partition entre une poignée de jeunes pris en charge par la Mairie à des fins de propagande, et la volonté d’organiser avec fermeté pour tous les autres (pour ainsi dire la majorité) l’abandon le plus absolu ?
Cette politique n’est pas acceptable. Nous la récusons. Tous les jeunes actuellement à la rue doivent dès à présent être hébergés, nourris, vêtus, scolarisés, suivis sur le plan social, médical et psychologique, quelles que soient les évaluations de la DEMIE et de la DASES. Ces évaluations, nous le savons, sont souvent invalidées par le juge des enfants. Ces jeunes ne peuvent attendre à la rue pendant des mois une éventuelle reconnaissance de leur minorité.
Face cette politique qui organise méthodiquement et délibérément l’abandon des jeunes et mineurs étrangers, se pose la question de ce que nous-mêmes voulons. Accepte-t-on que des jeunes soient privés de la protection minimale et des droits élémentaires qui leur sont dus, au seul motif qu’ils sont étrangers ? Ou bien considère-t-on, au contraire, que le rôle de l’Etat et des autorités publiques est de protéger ceux qui sont ici et en ont besoin ? Ce principe vaut pour quiconque, quelle que soit sa situation : jeune ou mineur isolé étranger, réfugié, famille Rom, personne pauvre ou en grande précarité.
La protection de ces adolescents engage la responsabilité de l’Etat et des départements. Seule une position indifférente au critère national et conforme à une certaine idée de l’Etat au service de tous est acceptable. Il importe aujourd’hui que nous soyons plus nombreux à porter collectivement cette exigence.

C’est pourquoi nous affirmons ensemble :
Tout jeune privé de soutien parental doit bénéficier inconditionnellement d’un hébergement et plus largement de la protection des autorités publiques. Ce, indépendamment de sa nationalité ou de sa situation administrative, jusqu’au terme de ses études.

En conséquence, au regard de la situation d’urgence présente, nous exigeons immédiatement :

- l’ouverture sans condition des gymnases ou des CHU (Centres d’hébergement d’urgence) à tous les jeunes qui en ont besoin, avant et après la période hivernale.

- la mobilisation de tous les services sociaux municipaux dans le but d’assurer la protection effective de tous les jeunes et mineurs isolés.
Collectif parisien pour la protection des jeunes et mineurs isolé étrangers

Collectif Parisien pour la Protection des Jeunes et Mineurs Isolés Étrangers
cpmjie@gmail.com
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