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Communiqué de presse du Collectif Solmiré - « Alerte à l’enfance en danger : la rue n’est pas un abri pour les mineurs étrangers »

Publié le : lundi 19 août 2019

Voir en ligne : http://factuel.info/abonne/cddle/bl...

Source : Factuel

Date : 13 août 2019

Présentation :

«  La mort accidentelle, par noyade, le 24 juillet dernier, de Z. O. K., jeune Camerounais de 14 ans, reconnu mineur par le Juge des Enfants le 3 juillet 2019, est l’occasion pour le Collectif Solmiré (Solidarité Migrants Réfugiés) d’attirer l’attention sur la situation qui est faite aux Mineurs Non-Accompagnés (MNA) à leur arrivée dans le Département du Doubs, après un long et périlleux périple en Afrique et en Europe.

Z., comme beaucoup d’autres jeunes, n’a pas été considéré comme mineur lorsqu’il s’est adressé au Pôle Enfants Confiés (ex-Aide Sociale à l’Enfance) de Besançon, en avril 2019. Au contraire, il a été déclaré majeur, sans autre forme de procès, et mis à la rue sans ménagement après quelques jours de ’’mise à l’abri’’ (le temps de le ’’tester’’).

Il a alors rencontré des jeunes dans la même situation que lui et des bénévoles de Solmiré, qui se sont occupés de lui (hébergement solidaire, suivi médical, scolarisation, vêture, vie sociale, etc.), tout en l’aidant à déposer un recours auprès du Juge des Enfants (JE), par l’intermédiaire d’une avocate.

C’est bien la décision positive du JE qui a contraint l’ASE du Doubs à le prendre en charge, 3 mois après son arrivée.

Mais pour quelques cas qui débouchent ainsi, après une longue procédure judiciaire, sur l’intégration de MNA dans le dispositif de protection de l’enfance, combien d’autres jeunes isolés, parce qu’ils ne rencontrent pas de bénévoles associatifs, parce qu’ils ne parviennent pas à obtenir des papiers d’identité de leur pays d’origine, parce que leurs papiers sont considérés comme faux par la PAF (Police de l’Air et des Frontières), combien de jeunes ne trouvent pour seul "accueil" en France, et ici à Besançon, que la rue ?

Rien que pour cet été 2019, le Collectif Solmiré en a recensé une vingtaine ! Et 70% des jeunes migrants qui sollicitent une prise en charge voient leur demande rejetée.
Et quand le juge établit la minorité d’un jeune, celui-ci n’est pas encore tiré d’affaire pour autant, matériellement et psychologiquement :

  • faute de places en structures d’accueil, beaucoup de jeunes se retrouvent en hôtel durant de nombreux mois, sans réel accompagnement éducatif, médical, scolaire...
  • la plate-forme nationale qui gère la répartition géographique des MNA peut les affecter dans un autre département, comme celui de la Moselle par exemple, où le Centre Départemental de l’Enfance en arrive à faire dormir des dizaines de jeunes à même le sol, dans un réfectoire, faute de places disponibles dans des foyers dignes de ce nom. La plate-forme en affecte aussi à Versailles, où ils subissent un nouvel examen de minorité, à base de tests osseux... et sont déclarés majeurs avant d’être remis à la rue !

Ces conditions de non-accueil sont indignes d’une collectivité publique et ne peuvent qu’amener les jeunes au désespoir, à la révolte, à la fuite.

Est-ce l’effet recherché ? Une manière de leur signifier qu’ils n’ont qu’à aller se faire voir ailleurs, disparaître des effectifs ?

Les Mineurs Non Accompagnés sont d’abord des enfants, que les Conseils Départementaux ont l’obligation légale de protéger tant qu’ils sont mineurs.
Pour cela, les Départements perçoivent de l’argent de l’Etat : 500 € pour les 5 premiers jours de prise en charge (sous condition d’évaluation des besoins en santé, notamment), puis 90€ par jour pour les 14 jours suivants.

Certaines administrations pousseraient-elles l’ignominie jusqu’à percevoir ces dotations en traitant par-dessus la jambe leurs obligations d’accueil, de soin, de prise en charge éducative... ?

Le Collectif Solmiré et ses bénévoles apportent comme ils/elles le peuvent un minimum de réconfort et d’aide aux mineurs à la rue, aidés en cela par nombre de citoyens, de familles solidaires.

Mais les associations ne peuvent pas, ne doivent pas se substituer aux Collectivités dont c’est la responsabilité d’assurer un accueil inconditionnel aux enfants et adolescents qui les sollicitent. Élus et dirigeants du Département doivent remplir leur mission de protection et donner aux services sociaux les moyens que cesse ce scandale humanitaire, sanitaire, ce fiasco éducatif qu’est le maintien à la rue de jeunes qui, comme Z., ont traversé les pires périls, survécu aux pires sévices, et cherchent, pour se reconstruire, une terre d’accueil.

Pour honorer la mémoire de Z., faisons-leur, donnez-leur une place digne de ce nom... »